Crime Time : Tout le monde l'appelle Tony

Allez les enfants, après l'Inde, on part pour le Brésil - je tiens un blog série ou un blog voyage moi ?  Sauf qu'on part pas au Brésil mode carte postale, non, on laisse de côté les jolies plages de sable blanc, on prend plutôt la direction des favelas. Avec Crime Time, on part là où règne la misère et où pullulent les trafics en tout genre. C'est pas forcément là qu'on passerait ses vacances quoi.

Cette série, c'est à la base une websérie franco-brésilienne visible via l'application mobile Studio + qui a été retravaillée pour en faire une minisérie de 4 épisodes de 52 minutes environ chacun. A noter également qu'elle est inspirée de faits réels, oui, le dingo à la tête de ce charmant divertissement aurait vraiment existé. Voyez dans ce terme de charmant divertissement une belle ironie n'est-ce pas, car ici, il n'y a rien de charmant, loin de là. On est dans du sombre, du glauque et du crade - et oui encore.

On y suit Antonio Padaratz, petit flic de São Paulo, fatigué de n'être rien ni personne, 

et qui décide, après avoir poursuivit un type à en cracher ses poumons, de devenir enfin quelqu'un. L'opportunité va se présenter quand, grâce à son boulot, il peut, arrivé le premier sur les lieux d'un crime, filmer les victimes et vendre au meilleur prix ses vidéos. 

Le succès, la gloire, l'argent, tout va rapidement tourner en sa faveur au point qu'il va rapidement devenir un présentateur télé à succès avec son programme sensationnaliste "Hora de Perigo" mais aussi par la même occasion, un monstre capable du pire.

Cette série,  c'est la parfaite démonstration de ce que peuvent être capable de faire certaines personnes pour sortir de leur misère et surtout, pour faire fortune. Il n'y a rien de mal bien évidement à vouloir mieux gagner sa vie, mais pas au point de mettre certaines valeurs plus que primordiales de côté.

C'est la ligne rouge que franchit Antonio, dit Tony - incarné par un Augusto Madeira habité par son personnage - un type ordinaire, touchant mais pourtant capable des pires horreurs pour être toujours plus riche et toujours plus connu et reconnu. On le suit dans sa réussite aux yeux de ses téléspectateurs et du monde, mais également dans ses côtés plus sombres quand s'éteignent les projecteurs.

Là où règnent la drogue, le sexe débridé et la violence.

La photographie sombre et travaillée mais également la réalisation, brutale mais en plus ultra-réaliste et punchy permettent de nous immerger dans cette violence parfois, voire très souvent sans limite. Certaines scènes sont très percutantes, voire choquantes, on nous montre avec des plans puissants, la mort, sans aucun filtre. Je le dis rarement mais attention, franchement, âmes sensibles s'abstenir - si vous voulez voir voler des papillons et virevolter des paillettes, passez votre chemin quoi.

Ouais, Crime Time fait partie de ces séries qui tâchent, vraiment - les références à d'autres films ou séries sont d'ailleurs nombreuses, si vous avez vu Taxi Driver ou Breaking Bad pour ne citer qu'elles, vous voyez je pense à peu près de quoi je parle et du coup, où vous allez mettre les pieds.

Mais au-delà de ça, elle fait en plus également partie de celles qui peuvent faire
réfléchir sur soi-même mais également sur pas mal de sujets de société.

N'y voyez en effet pas que de la violence gratuite malgré tout - même si j'ai parfois trouvé que les mecs allaient un peu loin - mais aussi une façon de pointer du doigt tous les travers de notre civilisation comme la corruption, l'individualisme mais aussi le sensationnalisme et le voyeurisme. Car oui, on a beau tous vouloir dénoncer, avec toutes les meilleurs intentions du monde, la violence et vouloir vivre dans un monde tout beau et tout rose, on a tous au fond de nous une petite fascination pour le macabre ou le morbide - à un niveau plus ou moins élevé bien sûr.

Il y a ceux qui s'arrêtent quand il y a un accident de la route, ceux qui passent leur soirée devant des émissions comme Crime ou Chroniques Criminelles... Bref, personne n'est tout blanc ou tout noir et cette série nous le balance froidement en pleine tronche, du coup, on n'en sort pas forcément indemne.

Les points forts

Une réalisation dynamique et ultra-réaliste

Une photographie sombre et travaillée

Des acteurs justes, en particulier Augusto Madeira

Une immersion profonde dans les favelas et la misère

Une série qui marque et fait réfléchir

Les points faibles

La violence - certaines scènes sont très dérangeantes

A noter que, une fois de plus j'ai parlé ici de toute la série sans avoir le temps d'évoquer son pilote dans un article à part car quatre épisodes, c'était trop court, j'ai tout binge-watché en une soirée !